Une spin-off sur la fusion obtient pour la première fois un résultat de fusion avec sa technologie de projectile

First Light Fusion (First Light), une spin-off de l’Université d’Oxford qui développe, depuis 2011, une approche de fusion par projectile, a annoncé avoir généré de l'énergie sous la forme de neutrons en faisant fusionner des isotopes de deutérium. Il s'agit là du résultat de plusieurs années de recherche menée par l’entreprise.

11 avr. 2022
Nick Hawker le co-fondateur et dirigeant de First Light Fusion
Nick Hawker, co-fondateur et dirigeant de First Light Fusion: «Il s'agit d’une voie vers la fusion entièrement nouvelle».
Source: First Light Fusion

Pour la première fois, l’état de fusion a été atteint avec les cibles innovantes développées par First Light et la technologie de projectile associée. La fusion par projectile constitue une nouvelle approche de fusion inertielle qui, d'après First Light, est plus simple et énergétiquement plus efficace, et présente un risque physique moins important. L’entreprise a atteint la fusion avec un budget inférieur à 45 millions de livres (CHF 55 mio.) et avec l’augmentation de puissance la plus rapide jamais enregistrée dans le cadre d'un projet de fusion.

Pour atteindre l’état de fusion, First Light utilise un canon à gaz grande vitesse qui tire un projectile à une vitesse d’environ 6,5 km par seconde – soit une vitesse dix fois supérieure à celle d’une balle de fusil – sur une cible minuscule qui doit augmenter l'énergie du choc et porter le combustible à base de deutérium à l’état de fusion.

La cible de First Light Fusion
La conception de la cible – un cube transparent d'un peu plus d'un centimètre de diamètre qui comprend deux capsules de combustible sphériques – est la technologie clé de First Light Fusion. Elle est gardée secrète par l’entreprise.
Source: First Light Fusion

Nick Hawker, co-fondateur et dirigeant de First Light, a déclaré que l’entreprise vivait une «incroyable aventure» et avait déjà réussi à améliorer le procédé, tandis que les résultats ont été confirmés par les autorités de surveillance. «Il s'agit d’une voie entièrement nouvelle vers la fusion nucléaire, et cela conforte nos simulations», poursuit M. Hawker. Ian Chapman, chef de la United Kingdom Atomic Energy Authority (UKAEA), l'autorité qui a confirmé les résultats, a qualifié ces derniers «de nouvelle étape majeure».

Inspiré par une crevette
Un des fondateurs de First Light a été inspiré par la crevette-pistolet, dont l’une des pinces claque si rapidement que cela crée des bulles de cavitation qui s'échauffent fortement et génèrent un plasma lorsqu'elles implosent. L'onde de choc ainsi provoquée étourdit la proie visée. Il s'agit du seul exemple présent dans la nature qui reproduise le phénomène de la fusion inertielle. First Light utilise ce phénomène physique pour éviter de recourir à des mécanismes d'atténuation complexes tels que ceux produits par des champs magnétiques. Au lieu de cela, First Light se concentre sur l’implosion afin de reproduire les conditions de chaleur et de pression présentes à l’intérieur du soleil. «Fusion inertielle» signifie que le plasma est entretenu par sa propre inertie plutôt que par des champs magnétiques ou des lasers. Ce sont précisément ces importantes quantités d’énergie requises par les champs magnétiques ou des lasers qui rendent le résultat de fusion si difficile à atteindre. Le concept de First Light ne requiert qu’une toute petite quantité d'énergie, ce qui fait que la limite au-delà de laquelle la quantité d’énergie générée est supérieure à la quantité utilisée est plus facile à dépasser.

Crevette-pistolet
La crevette-pistolet comme inspiration pour la technologie de projectile de First Light Fusion.
Source: Arthur Anker

First Light a annoncé récemment que 45 millions de dollars supplémentaires ont été apportés par des investisseurs déjà existants ou nouveaux afin d’accélérer le développement de son programme expérimental.

Les scientifiques mènent des essais sur la fusion nucléaire depuis les années 1950, mais jusqu’à présent, ils n’étaient pas parvenus à produire davantage d’énergie que celle consommée par les systèmes.

Le plus gros projet de fusion nucléaire au monde, le réacteur thermonucléaire expérimental international (Iter), d’un coût de 20 milliards d’euros, est en construction en France. Il doit permettre de démontrer la faisabilité de l’énergie de fusion à une échelle commerciale.

Source

M.A./C.B. d'après des communiqués de presse de FLF du 5 avril 2022 et d’Elektronik Praxis du 6 juin 2019.

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