Spécial Japon: point de la situation à Fukushima – le 25 juin 2011
On ne peut encore parler de stabilisation. Mais il semble que le risque majeur, celui de populations affectées par des seuils de contamination dangereux, sera finalement écarté. Il n'en reste pas moins que les milliers d'intervenants japonais et étrangers présents à Fukushima restent engagés dans une formidable course contre la montre.
L'injection d'eau douce dans les réacteurs 1 à 3 et dans les piscines de stockage du combustible 1 à 4 se poursuit en circuit ouvert. Les dernières analyses japonaises confirment que du combustible a fondu dans les réacteurs 1 à 3 après le début de l'accident. Une partie de ce combustible semble avoir migré au fond de la cuve (voir le schéma ci-dessous), ce qui pourrait entraîner son percement.
L'exploitant Tepco poursuit un plan d'action visant à maîtriser les rejets et à abaisser significativement la radioactivité. Ce plan vise quatre objectifs: le refroidissement du cœur des réacteurs et des piscines de stockage du combustible, la maîtrise du confinement des réacteurs, la décontamination des eaux irradiées et la protection des travailleurs.
Des travaux sont en cours sur les différents bâtiments réacteurs dans des conditions qui restent difficiles. On ne peut encore parler d'une stabilisation effective de la situation. Un robot a détecté des fumées hautement radioactives dans le bâtiment réacteur 1 qui empêchent toute intervention humaine directe. Dans le bâtiment 2, les conditions hydrométriques (99% d'humidité) interdisent l'accès du personnel également. Des travaux sont en cours pour installer un système de filtration de l'air pour, infine, pouvoir ouvrir les portes du bâtiment et en permettre l'accès. Des travaux de déblaiement des débris radioactifs sont en cours pour pouvoir accéder au bâtiment réacteur 3.
Des progrès importants ont été réalisés pour refroidir les piscines de stockage. Un système de secours a été mis en place au début du mois de juin sur le site du réacteur 2 qui a permis de réduire la température de l'eau, désormais proche d'un niveau normal. Ce même système est en cours d'installation sur les sites 1, 3 et 4.
De grandes quantités d'eau (plus de 100'000 tonnes selon Tepco) ont servi au refroidissement en circuit ouvert du combustible nucléaire et se sont accumulées dans les unités 1 à 4 (bâtiments turbine et galeries). Une installation de décontamination a été construite avec l'aide du groupe français Areva en un temps record. Bien qu'il n'ait pas encore atteint sa pleine capacité, cet ouvrage a permis de traiter plusieurs centaines de tonnes d'eau par jour depuis sa mise en service le 17 juin dernier.
Contrairement aux dégâts matériels, financiers et énergétiques de l'accident nucléaire du 11 mars 2011, ses conséquences sanitaires devraient rester négligeables. Près de 200'000 riverains des centrales endommagées ont fait l'objet de contrôles, et dans aucun cas les limites réglementaires de doses d'irradiation n'ont été dépassées.
C'est également le cas pour les 7800 intervenants. Ils présentent des taux d'irradiation moyens de 7,7 millisieverts (pour une limite légale de 50 millisieverts, alors que les premiers risques statistiques d'atteinte à la santé se situent au-dessus de 500 millisieverts). Au cours des premiers jours qui ont suivi la catastrophe, seuls deux employés, qui s'étaient rendus sans équipement de protection dans une zone fortement contaminée, ont reçu des doses supérieures à 600 millisieverts. Ils ont été hospitalisés et leur état de santé n'inspire aucune inquiétude.
Les Japonais ne crient pas victoire pour autant. Tant que l'on n'aura pas verrouillé toutes les sources d'irradiation de l'eau et de l'air, des risques potentiels de contamination subsisteront. Le gouvernement s'est fixé pour objectif de colmater ces sources d'ici à la fin de cet été. Ensuite, trois à six mois seront nécessaires pour décontaminer les périmètres des centrales. Dans le meilleur des cas, les habitants évacués devraient pouvoir se réinstaller durablement dans la région au cours de 2012.
Source
Jean-Pierre Bommer, FRE, d'après l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN) et la «Weltwoche»
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