Les pays de l'OPEP misent sur le mix énergétique
La France, la Grande-Bretagne, la Russie, les USA et les pays asiatiques ne sont de loin pas les seuls à viser l'objectif stratégique d'un développement de leur parc nucléaire. Des pays comme la Suède, la Finlande ou l'Afrique du Sud tablent eux aussi sur l'énergie nucléaire. Par ailleurs – et c'est assez récent - les pays arabes, pour la plupart riches en ressources pétrolières, visent à leur tour à réaliser un mix énergétique. C'est le nucléaire qui permettra d'obtenir la diversification recherchée.
L'agence de presse Reuters ramène cette renaissance du nucléaire au dénominateur suivant: «Compte tenu des prix élevés des carburants et de l'exigence d'une réduction effective des émissions de carbone, l'énergie nucléaire est considérée comme une solution à long terme à travers le monde.» On relèvera ici un fait particulièrement frappant: les membres de l'OPEP commencent peu à peu à se persuader qu'il serait judicieux de consommer moins de pétrole pour produire de l'électricité et de réserver un maximum de pétrole brut au commerce de l'exportation.
Voici tout juste quatre ans que le «Gulf Cooperation Council» a décidé de mettre sur pied un programme commun pour l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire. Font partie du groupe le Koweït, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, le Qatar, le sultanat d'Oman et les Emirats arabes unis.
Accélération de la cadence
Cette collaboration vient se superposer à la conclusion d'autres accords-cadres interétatiques et partenariats industriels concrets. www.ebulletin.ch et www.nuklearforum.ch font régulièrement état de ces coopérations dont la cadence semble s'accélérer toujours plus.
C'est ainsi que la Toshiba Corporation japonaise (avec sa filiale Westinghouse) et les deux consortiums américains - The Shaw Group et Exelon - ont signé en juillet des accords de partenariat en Arabie saoudite. Exelon fait figure de leader parmi les exploitants de centrales nucléaires aux USA. Quant au Shaw Group, il a son siège en Louisiane et compte plus de 25'000 collaborateurs. Les infrastructures qu'il propose sont polyvalentes puisque le groupe s'occupe de la conception, de la construction et de la maintenance de grandes installations industrielles dans les secteurs des pipelines, de la chimie, de la branche pétrolière et de l'énergie nucléaire. La société finlandaise Pöyry est elle aussi engagée en Arabie saoudite. Cette entreprise de conseil et d'ingénierie est experte dans le secteur énergétique. L'un de ses départements dispense en outre des conseils dans le domaine des opérations bancaires d'investissement.
L'étendue du réseau qui vient d'être évoqué montre bien que les courses en solitaire sont considérées comme étant peu prometteuses, ne fût-ce que d'un simple point de vue économique. Et surtout: la mondialisation de l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire revêtira un rôle très important aussi bien en termes de normes de sûreté que sous l'angle de la stabilité politique.
La France et le Koweït ont signé au début de l'année un accord de coopération dans le domaine du génie nucléaire. Areva, le fabricant français de réacteurs, est partie prenante. Le Koweït a notamment l'intention de recourir à l'énergie nucléaire pour la préparation d'eau potable et le dessalement de l'eau de mer.
Les Emirats arabes unis devraient coupler au réseau leur première centrale nucléaire en 2017. C'est à la fin de 2009 que les Emirats ont confié à un consortium sud-coréen la construction de quatre tranches nucléaires d'une capacité globale de 5600 MW.
Projets également en Algérie, au Qatar, en Egypte et en Jordanie
L'Algérie a l'intention de mettre en service sa première centrale nucléaire d'ici une dizaine d'années. Le pays a de toute évidence déjà conclu des accords nucléaires avec l'Argentine, la Chine, la France et les Etats-Unis. Il a par ailleurs mené des pourparlers avec la Russie et l'Afrique du Sud. L'Algérie dispose de gisements d'uranium et de deux réacteurs de recherche, mais est dépourvue de capacités d'enrichissement de l'uranium.
EDF a signé avec le Qatar une déclaration d'intention en 2008. L'Egypte a elle aussi annoncé son intention de construire plusieurs réacteurs afin de répondre aux besoins croissants en électricité. La Chine, la Russie, la France et le Kazakhstan ont fait des offres de coopération. Il se pourrait que les Etats-Unis leur emboîtent le pas. L'Egypte a par ailleurs signé mi-2009 un contrat de services-conseils avec le prestataire australien WorleyParsons. La Jordanie entend, quant à elle, construire une centrale nucléaire d'ici à 2017 et mène des négociations à cette fin avec le groupe français Areva. Le pays a signé des accords de coopération avec la France, la Chine et le Canada, l'accent étant mis sur le transfert de technologie.
Dans le cas des efforts déployés par la Lybie et par l'Iran, c'est la Russie qui est le principal partenaire de coopération. La Russie est membre fondateur de l'accord «Global Initiative to Combat Nuclear Terrorism» conclu avec les USA. Le Traité de non-prolifération est de surcroît applicable à l'utilisation pacifique de l'énergie nucléaire: le document a été signé par les puissances nucléaires que sont les USA, la Russie, la France, la Grande-Bretagne et la République populaire de Chine. 184 pays y ont entre-temps adhéré. L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) fait office de charnière principale et d'organe de contrôle en la matière.
Source
Hans Peter Arnold/C.P.
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