L'accident du 28 mars 1979 à la centrale nucléaire de Three Mile Island 2
Le 28 mars 1979, un accident se produisait à la tranche 2 de la centrale nucléaire de Three Mile Island, aux Etats-Unis, accident dont les conséquences se sont fait sentir essentiellement à l'intérieur de l'installation. Cet accident n'a mis en danger ni la santé de la population, ni l'environnement. A l'occasion du 20e anniversaire de cet événement, la GPU Nuclear, exploitante de la centrale de Three Mile Island, dont la tranche 1 est toujours en fonctionnement, a publié des feuilles d'information sur divers thèmes relatifs à l'accident.
Feuille d'information 1: L'accident de TMI 2 en bref
L'accident de TMI 2 est provenu d'une petite fuite d'eau du système du réacteur qui n'a pas été correctement identifiée jusqu'au grave endommagement du coeur du combustible nucléaire du réacteur. L'inadéquation de l'instrumentation de la salle de commande et de la formation aux interventions en cas d'urgence s'est révélée constituer la cause principale de l'incapacité des opérateurs à réagir correctement à un arrêt automatique non programmé du réacteur à 4 heures du matin le mercredi 28 mars 1979.
- En l'espace des quelques secondes que dure l'arrêt d'urgence, la vanne de décharge pilotée PORV du système de refroidissement du réacteur s'ouvre, comme elle est supposée le faire. Elle aurait dû se fermer dix secondes plus tard environ. Mais elle reste ouverte, entraînant une fuite d'eau de refroidissement du réacteur dans le réservoir de vidange du fluide primaire. Les opérateurs croient que la vanne PORV est fermée, des instruments leur indiquant que le signal "fermeture" a été envoyé à la vanne. Mais ils ne disposent pas d'un instrument leur donnant la position réelle de cette vanne.
Les pompes sont actionnées, puis sont arrêtées
- En réponse à la perte d'eau de refroidissement, des pompes d'injection haute pression injectent automatiquement de l'eau d'appoint dans le système du réacteur. Tandis que de l'eau et de la vapeur s'échappent par la PORV, de l'eau de refroidissement envahit le pressuriseur, faisant monter le niveau d'eau dans ce dernier. (Le pressuriseur fait partie du système de refroidissement du réacteur. Il s'agit d'un réservoir qui maintient une pression adéquate dans le système de refroidissement. La PORV se trouve sur le pressuriseur. Dans un réacteur à eau sous pression comme TMI 2, l'eau du circuit primaire de refroidissement du réacteur est maintenue sous haute pression pour l'empêcher de bouillir).
- Les opérateurs réagissent en diminuant le débit de l'appoint d'eau. D'après la formation qu'ils ont reçue, ils croient que le niveau de l'eau dans le pressuriseur est la seule indication concluante quant à la quantité d'eau de refroidissement dans le réacteur. Le niveau d'eau dans le pressuriseur augmentant, ils pensent qu'il y a un trop-plein d'eau dans le système du réacteur. On leur a enseigné qu'il faut faire tout leur possible pour empêcher le pressuriseur de se remplir. S'il était plein, ils ne pourraient plus contrôler la pression dans le système de refroidissement, et celui-ci risquerait une rupture.
Les rejets de radioactivité commencent
- De la vapeur se forme dans le système de refroidissement du réacteur. Le pompage d'un mélange de vapeur et d'eau entraîne des vibrations dans les pompes de refroidissement. Ces fortes vibrations
pouvant endommager les pompes et les rendre inutilisables, les opérateurs décident d'arrêter les
pompes, mesure qui met fin au refroidissement forcé du réacteur. (Les opérateurs croient toujours que le système est pratiquement plein d'eau, le niveau d'eau dans le pressuriseur restant élevé.) Cependant, tandis que l'eau de refroidissement est en ébullition et s'évapore, le coeur du combustible du réacteur est découvert et devient de plus en plus chaud. Les barres de combustible sont endommagées et relâchent des matières radioactives dans l'eau de refroidissement. - A 6h 22 du matin, les opérateurs ferment une vanne d'arrêt entre la PORV et le pressuriseur. Cette mesure arrête la perte d'eau de refroidissement à travers la PORV. Mais de la vapeur surchauffée et des gaz bloquent la circulation d'eau à travers le système de refroidissement. Les opérateurs essayent tout le matin d'injecter de force de l'eau supplémentaire dans le système du réacteur afin de condenser les bulles de vapeur qui bloquent, pensent-ils, l'écoulement de l'eau de refroidissement.
- L'après-midi, les opérateurs tentent de diminuer la pression dans le système du réacteur pour pouvoir utiliser un système de refroidissement basse pression et faire pénétrer de l'eau de secours dans le système du réacteur.
Restauration du refroidissement
- Tard dans l'après-midi, les opérateurs commencent à injecter de l'eau à haute pression dans le système de refroidissement du réacteur afin d'augmenter la pression et de dégonfler les bulles de vapeur. Vers 19h 50 le 28 mars, ils restaurent le refroidissement forcé du réacteur en parvenant à faire redémarrer une pompe de refroidissement du réacteur. Ils ont condensé la vapeur, si bien que la pompe peut fonctionner sans de fortes vibrations.
- Des gaz radioactifs provenant du système de refroidissement du réacteur se sont accumulés dans le réservoir de préparation du bâtiment auxiliaire. Les 29 et 30 mars, les opérateurs se servent d'un système de conduites et de compresseurs pour transférer les gaz dans des réservoirs de désactivation des effluents gazeux. Une fuite s'est produite dans les compresseurs. Des gaz radioactifs sont rejetés dans l'environnement.
Bulle d'hydrogène
- Lorsque le coeur du réacteur était découvert, le matin du 28 mars, une réaction chimique à haute température entre l'eau et les gaines métalliques contenant les pastilles de combustible nucléaire avait provoqué la formation d'hydrogène. Dans l'après-midi du 28 mars, une augmentation soudaine de la pression dans le bâtiment réacteur révélée par des instruments de la salle de commande indique qu'une combustion d'hydrogène s'est produite. De l'hydrogène s'est donc accumulé en haut de la cuve du réacteur. Du 30 mars au 1er avril, des opérateurs réduisent cette "bulle" d'hydrogène en ouvrant régulièrement la vanne d'arrêt sur le pressuriseur du système de refroidissement du réacteur. Pendant un moment, des officiels de la NRC pensent que la bulle d'hydrogène peut exploser. Pourtant, une telle explosion n'a jamais été possible. Il n'y avait pas assez d'oxygène dans le système pour un mélange explosif.
Arrêt à froid
- Le 27 avril, des opérateurs mettent en place une circulation "naturelle" (par convection) du fluide de refroidissement. Le coeur du réacteur est refroidi par le mouvement naturel de l'eau et non pas par pompage mécanique. La centrale se trouve à l'état "d'arrêt à froid".
Feuille d'information 2: Rappel des événements des vendredi et samedi 30 et 31 mars 1979
Lorsque l'on évoque l'accident de TMI 2, c'est souvent dans le contexte de ce qu'il s'est passé les vendredi et samedi 30 et 31 mars. La peur provoquée par l'accident, le stress et la confusion ont atteint pendant ces deux jours leur point maximum. L'atmosphère qui régnait alors, et les raisons qui l'expliquent, sont bien décrites dans le livre "Crisis Contained, The Department of Energy at Three Mile Island" par Philip L. Cantelon et Robert C. Williams, 1982. Ce livre retrace l'histoire du rôle du Département de l'énergie pendant l'accident.
"Le vendredi a constitué un tournant décisif dans l'histoire de l'accident à cause de deux événements: premièrement, une augmentation soudaine de la pression dans le réacteur révélée par les instruments de la salle de contrôle dans l'après-midi du mercredi (la "combustion d'hydrogène") qui laissait supposer une explosion d'hydrogène et dont la Commission de la réglementation nucléaire n'a été informée que le vendredi; deuxièmement, le relâchement intentionnel de gaz radioactifs de la centrale le vendredi matin, mesure qui s'est traduite par un relevé de 1'200 millirems juste au-dessus de la cheminée du bâtiment auxiliaire. Ces événements ont pris cette importance à la suite d'une série de malentendus provoqués en partie par des problèmes de communication au sein de diverses agences de l'Etat et fédérales. A cause de conversions téléphoniques confuses entre des personnes non informées sur l'état de la centrale, des officiels ont conclu que le relevé de 1'200 millirems était un relevé hors site. Ils ont également cru qu'une autre explosion d'hydrogène était possible, que la Commission de la réglementation nucléaire avait ordonné l'évacuation et qu'une fusion totale du coeur du combustible n'était pas à exclure. Des communications tronquées rapportées par les médias engendrèrent un débat sur l'évacuation. La question de savoir s'il y avait des plans d'évacuation ou pas pris rapidement un tour académique. Ce qui s'est produit le vendredi n'était pas une évacuation planifiée, mais un exode de week-end fondé non pas sur ce qui se passait réellement à Three Mile Island, mais sur ce que des officiels du gouvernement et les médias imaginaient qu'il se passait. Des communiqués confus diffusés le vendredi furent à la source d'une politique de la peur." (page 50)
Tout au long du livre, Cantelon et Williams notent que parmi les centaines d'échantillons environnementaux prélevés autour de TMI pendant l'accident par le Département de l'énergie (qui dirigeait les opérations dans ce domaine) ou par l'ancien Département des ressources environnementales de Pennsylvanie, on n'a pas trouvé de relevés anormalement élevés sauf pour des gaz rares, et on n'a constaté pratiquement aucun rejet d'iode. Les valeurs relevées ont été largement inférieures aux valeurs limites fixées par la réglementation relative à la radioprotection. Mais une tempête politique fondée sur la confusion et la désinformation faisait rage.
Feuille d'information 3: Que s'est-il passé/Que ne s'est-il pas passé à la tranche de TMI 2?
Ce qu'il s'est passé:
- Le coeur du réacteur a été découvert et plus d'un tiers du combustible a fondu.
- Une instrumentation et des programmes de formation inadéquats à l'époque ont entravé la capacité des opérateurs à réagir correctement à l'accident.
- L'accident s'est accompagné de problèmes de communication qui ont été à la source d'informations contradictoires fournies au public et ont contribué à la peur de la population.
- De la radioactivité a été rejetée de la centrale. Les rejets n'ont pas été sérieux et n'ont pas mis en danger la santé de la population. Ceci a été confirmé par des milliers d'échantillons prélevés dans l'environnement et ailleurs ainsi que par les mesures effectuées pendant l'accident.
- Le bâtiment de l'enceinte de confinement s'est comporté conformément à sa conception. Et malgré la fonte de presque un tiers du coeur du combustible, l'intégrité de la cuve du réacteur a été préservée et le combustible endommagé est resté confiné.
Ce qu'il ne s'est pas passé:
- Il n'y a pas eu de "syndrome chinois".
- L'accident n'a pas entraîné de blessures ou d'impacts détectables sur la santé, mis à part le stress du début.
Impacts à long terme:
- L'application des enseignements de l'accident a été à la source d'une amélioration importante et durable des performances des centrales nucléaires.
- TMI 2 a favorisé une meilleure compréhension de la fusion du combustible, y compris de l'improbabilité d'une fusion "syndrome chinois" traversant la cuve du réacteur ou l'enceinte de confinement.
Feuille d'information 4: Pas d'effets radiologiques sur la santé
L'accident de TMI 2 a suscité des inquiétudes quant à la possibilité d'effets sanitaires radio-induits, principalement de cancers, dans la région environnante de la centrale. Suite à ces inquiétudes, le Département de la santé de Pennsylvanie a tenu pendant 18 ans un registre portant sur plus de 30'000 personnes vivant dans un rayon de 8 km environ autour de Three Mile Island à l'époque de l'accident. L'enregistrement des données a été arrêté en juin 1997 sans qu'aucune preuve de tendances sanitaires inhabituelles dans la région n'ait été fournie.
Plus d'une douzaine d'études indépendantes majeures sur les conséquences sanitaires de l'accident n'ont effectivement fourni aucune preuve d'un quelconque nombre anormal de cancers autour de TMI des années après l'accident. Le seul effet détectable a concerné le stress psychologique pendant et peu après l'accident.
Selon ces études, les rejets radioactifs pendant l'accident ont été minimes, et bien inférieurs à tout niveau d'effets sanitaires provenant de l'exposition aux radiations. La dose moyenne de rayonnement pour les personnes vivant dans un rayon d'environ 16 km autour de la centrale a été de 8 millirems, pas un seul individu n'ayant reçu plus de 100 millirems. Une dose de 8 millirems est à peu près celle qui correspond à une radiographie des poumons, et 100 millirems est environ le tiers du fond de rayonnement moyen reçu par la population américaine pendant un an.
En juin 1996, 17 ans près l'accident de TMI 2, le juge Sylvia Rambo, de la Cour du district de Harrisburg, a rejeté une plainte judiciaire collective qui affirmait que l'accident avait eu des effets sanitaires.
Les plaignants ont fait appel de ce jugement du juge Rambo. Le recours se trouve maintenant auprès de la Cour d'appel de la 3e circonscription judiciaire des Etats-Unis. En rendant son jugement, le juge Rambo a rappelé:
- des conclusions (l'étude Maureen Hatch pour le Fonds de la santé publique de TMI) selon lesquelles les expositions projetées à l'aide de modèles des rejets sur ordinateur étaient tellement comparables aux données provenant des dosimètres (dosimètres thermoluminescents) de TMI disponibles pendant l'accident que ces dosimètres étaient probablement adéquats pour mesurer les rejets,
- que la dose maximale hors site a peut-être atteint 100 millirems, et que le nombre de cancers fatals projetés a été inférieur à 1,
- l'incapacité des plaignants à prouver leur affirmation selon laquelle une ou plusieurs "déflagrations" d'hydrogène non signalées dans le système du réacteur avaient provoqué une ou plusieurs "pointes" d'irradiation, produisant un panache étroit mais fortement concentré de gaz radioactifs.
Le juge Rambo a conclu dans les termes suivants: "Les plaignants de l'action en cours ont eu presque deux décennies pour rassembler des preuves à l'appui de leurs cas respectifs... Le manque de preuves venant appuyer le cas des plaignants est manifeste. La Cour a cherché la mention d'une quelconque preuve qui pourrait être interprétée sous une lumière favorable pour les plaignants et constituerait l'aboutissement véritable d'un fait matériel justifiant la présentation de leurs plaintes à un jury. Ses efforts ont été vains."
Feuille d'information 5: Des études sur la santé ne trouvent aucun lien entre le cancer et Three Mile Island
Introduction
Plus d'une douzaine d'études indépendantes importantes ont analysé les rejets radioactifs et les effets possibles sur la population et l'environnement autour de TMI depuis l'accident de 1979 à TMI 2. Les études les plus récentes et leurs conclusions sont les suivantes:
Etude Hatch-Susser (Université de Colombie)
C'est en premier lieu pour répondre à l'inquiétude de la population que le Fonds de la santé publique de Three Mile Island a demandé à Maureen C. Hatch, du département Epidémiologie, Ecole de la santé publique de l'Université de Columbia, ainsi qu'à trois associés (Jan Beyea, Jeri Nieves et Mervyn Susser), d'étudier les rejets radioactifs dus à l'accident afin de déterminer s'ils avaient un lien quelconque avec l'incidence de cancers autours de TMI.
L'équipe Hatch-Susser a conçu et réalisé une étude poussée fondée sur des modèles mathématiques des endroits où les rejets de TMI 2 étaient passés et sur des milliers de dossiers de patients de 19 hôpitaux de la région de TMI.
Les experts devaient examiner tout d'abord si les rejets étaient connus avec précision. Malgré les variations des estimations sur ce qui avait été effectivement rejeté, l'équipe Hatch-Susser a trouvé que "de toute façon, le niveau d'exposition était jugé très bas" - en moyenne d'environ 10 millirems, avec une dose maximale projetées de 100 millirems.
Dans le numéro de septembre 1990 de l'"American Journal of Public Health", l'équipe Hatch-Susser écrivit ensuite que "la prévision première basée sur les estimations des rejets et sur la radiobiologie conventionnelle - à savoir qu'on ne trouverait pas de cancer excédentaire - a été confirmée sous la plupart des angles, pour ne pas dire à tous égards."
Etude de l'Institut national du cancer
A la demande du sénateur Edward M. Kennedy, président de la Commission du travail et des ressources humaines du Sénat, l'Institut national du cancer a réalisé une étude sur les taux de la mortalité par cancer autour de 52 centrales nucléaires, TMI comprise, et de neuf installations du Département de l'énergie. L'étude de l'Institut a comparé les comtés abritant des installations nucléaires avec des comtés de contrôle dans la même région.
Publiée en septembre 1990, l'étude de l'Institut national du cancer "conclut que l'enquête n'a fourni aucune preuve qu'une incidence supplémentaire de cancers ait résulté du fait d'habiter près d'installations nucléaires." A la demande du sénateur Kennedy, l'étude a examiné tout particulièrement TMI et la centrale nucléaire de Pilgrim dans le Massachusetts.
Etudes du Département de la santé de Pennsylvanie
Le Département de la santé de Pennsylvanie a tenu un registre sur près de 35'000 personnes qui vivaient dans un rayon d'environ 8 km autour de TMI lors de l'accident de TMI 2. Cette base de données "de voisinage" a été complétée par d'autres statistiques dont disposait le Département de la santé. Celui-ci est parvenu aux conclusions suivantes:
- Jusqu'en 1993, il n'y a pas eu d'augmentation significative des taux d'incidence du cancer parmi les résidents figurant dans le registre de TMI.
- Sept cas d'hypothyroïdie congénitale dans le comté de Lancaster, en dehors du rayon de 16 km autour de TMI, "n'ont pas été associés à l'accident nucléaire de TMI." (1981)
- Aucune différence significative n'a été trouvée dans les taux de mortalité infantile à l'intérieur du rayon de 16 km autour de TMI. On a constaté une incidence significative sur le poids à la naissance de bébés dont les mères étaient enceintes pendant l'accident et qui avaient pris trop de médicaments contre le stress. Mais un suivi de cinq ans a montré que les enfants avaient ensuite grossi normalement. (1984)
Résultats d'autres études
On trouvera ci-dessous une liste non exhaustive d'autres études indépendantes effectuées pour la plupart par des organismes fédéraux et de Pennsylvanie après l'accident de TMI 2.
Population Exposure and Health Impact of the Accident at the Three Mile Island Nuclear Station
Cette étude a été conduite par des experts regroupés au sein d'un comité spécial, le "Ad Hoc Population Dose Assessment Group", experts provenant de la Commission américaine de la réglementation nucléaire (NRC), du Département américain de la santé et des services sociaux, et de l'Agence américaine de la protection de l'environnement. L'étude a conclu qu'il n'y avait pas eu d'effet immédiat sur la santé et que les effets latents ou à long terme, pour autant qu'il y en ait, seraient minimes.
Report of the President's Commission on the Accident at Three Mile Island, 1979
Cette étude a été réalisée par une commission constituée par le Président Jimmy Carter et dirigée par John G. Kemeny, à l'époque président du Collège de Dartmouth. Sa conclusion sur les effets sanitaires a été qu'il n'y aurait pas de cancers ou de cas de maladies congénitales détectables dus à l'accident. Selon cette étude, l'effet sanitaire le plus important de l'accident a été le stress psychologique parmi la population et les employés de la centrale.
Three Mile Island: A Report to the Commissioners and to the Public, 1980
Ce rapport, commandé par la NRC, a été effectué par la société Rogovin, Stern & Huge, un bureau de juristes de Washington D.C. Il conclut que les effets sanitaires sur la population dans son ensemble, pour autant qu'il y en ait eu, ne sont pas mesurables ni détectables.
Report to the Nuclear Regulatory Commission from the Staff Panel on the Commission's Determination of an Extraordinary Nuclear Occurrence, 1980
Ce rapport, publié par la NRC, s'est fondé sur des travaux de représentants de la NRC, de l'Agence de protection de l'environnement, du Département américain de la santé et des services sociaux, de l'ancien Département des ressources environnementales de Pennsylvanie et du Département américain de l'énergie. Il a confirmé les estimations du "Ad Hoc Population Dose Assessment Group" quant à la dose reçue par la population, ainsi que le rapport de la Commission du Président et le rapport commandé par Metropolitan Edison.
Investigations of Reported Plant and Animal Health Effets in the Three Mile Island Area, 1980
Ce rapport, publié par la NRC, s'est fondé sur les résultats de recherches effectuées par la NRC, le Département de l'agriculture de Pennsylvanie, l'Agence américaine de protection de l'environnement et l'Argonne National Laboratory. Selon ses conclusions, "il apparaît qu'aucun des effets sanitaires constatés sur des plantes ou des animaux (effets passés en revue dans le rapport) ne peut être directement attribué à l'exploitation ou à l'accident" à TMI.
Followup Studies on Biological and Health Effects Resulting from the Three Mile Island Nuclear Power Plant Accident of March 28, 1979
Cette étude a été réalisée par le Comité de la recherche fédérale sur les effets biologiques des rayonnements ionisants et a été publiée par l'Institut national de la santé. Le sous-comité "Recherche sur le suivi de TMI" de ce comité se composait de représentants des instituts nationaux de la santé, de l'Administration de surveillance des aliments et des médicaments, de l'Administration de la santé mentale et de la protection contre l'alcool et les drogues, du Centre des maladies contagieuses, de l'Agence de protection de l'environnement, de la Commission de la réglementation nucléaire, du Département de l'énergie et du Département de la défense. L'étude a conclu que l'accident ne produirait pas d'effets sanitaires détectables.
Report of the Governor's Commission on Three Mile Island, 1980
Ce rapport a été établi par une commission instituée par le gouverneur Dick Thornburgh. Il a approuvé les conclusions de la Commission du Président selon lesquelles les effets sanitaires de l'accident seraient négligeables et a considéré que le stress psychologique dû à l'accident serait transitoire pour la population en général.
Impact of TMI Nuclear Accident Upon Pregnancy Outcome, Congenital Hypothyroidism and Mortality, 1981
Cette étude a été élaborée par le Département de la santé de Pennsylvanie. Elle conclut que les femmes enceintes exposées à des rejets de radioactivité pendant l'accident n'ont présenté aucune différence mesurable concernant le taux de prématurés, les anomalies congénitales, la mortalité néonatale et tous les autres facteurs examinés. Le Département de la santé tient toujours le "Registre mères-enfants de TMI". Des rapports sont publiés à intervalles de cinq ans. Le Département de la santé n'a pas trouvé non plus d'augmentation de l'hypothyroïdie infantile résultant de l'exposition à de l'iode radioactif. Sept cas d'hypothyroïdie congénitale dans le comté de Lancaster, à l'extérieur du rayon de 16 km de TMI, sont considérés comme sans rapport avec l'accident. Cette conclusion a été approuvée par un Comité de recherche sur l'hypothyroïdie indépendant mis en place par le Département de la santé.
Cancer Mortality and Morbidity around TMI, 1985
Cette étude a été élaborée par le Département de la santé de Pennsylvanie et continue d'être suivie par le Département. Elle n'a trouvé aucune augmentation du risque de cancer parmi les personnes habitant près de TMI.
Assessment of Off-Site Radiation Doses from the Three Mile Island Unit 2 Accident, 1979
Le rapport, commandé par Metropolitan Edison, a été établi par Pickard, Lowe and Garrick Inc., un bureau de consultants de Washington D.C. Il considère que les doses provenant de l'accident sont conformes, de manière générale, aux résultats des études qui ont conclu que les rejets radioactifs dus à l'accident étaient trop faibles pour provoquer des effets sanitaires détectables.
Feuille d'information 6 : Le nettoyage de TMI 2, un défi et un succès
Le nettoyage du système endommagé du réacteur nucléaire de TMI 2 a duré presque 12 ans et a coûté approximativement 973 millions de dollars. Cette opération constituait un défi extraordinaire tant du point de vue technique que radiologique. Il s'agissait de décontaminer des surfaces entières de la centrale, de traiter les eaux usées et stockées pendant le nettoyage, d'enlever une centaine de tonnes de combustible d'uranium endommagé de la cuve du réacteur, tout ceci sans engendrer le moindre risque pour le personnel ou la population.
Un programme de nettoyage fut mis au point, programme qui a été mené à bien de manière sûre par une équipe de plus de 1'000 employés qualifiés.
Le nettoyage de la tranche 2 de TMI a commencé en août 1979 avec les premiers transports à Richland, Washington, de déchets radioactifs de faible activité produits par l'accident. Lors des phases d'achèvement du nettoyage, en 1991, on a mesuré définitivement le combustible resté dans des parties inaccessibles de la cuve du réacteur. Il y a encore dans cette cuve 1% environ du combustible et des débris d'origine. C'est en 1991 également que toute l'eau restante a été pompée du réacteur de TMI 2. Le nettoyage s'est achevé en décembre 1993 lorsque la tranche 2 a été autorisée par la Commission de la réglementation nucléaire (NRC) à passer à l'état de "stockage sous surveillance après déchargement du combustible hors du réacteur" (Post Defueling Monitored Storage, PDMS).
Dès le début du nettoyage, la tranche 2 de TMI a été complètement déconnectée de tout lien avec la tranche 1. TMI 2 se trouve actuellement à l'état de stockage surveillé à long terme. Aucune utilisation future de la tranche n'est envisagée. La ventilation et les systèmes pour l'eau de pluie sont contrôlés. L'équipement nécessaire pour préserver l'installation dans l'état de stockage sûr à long terme est maintenu.
Le déchargement du combustible de la cuve du réacteur a été au centre des opérations de nettoyage de TMI 2. Le combustible endommagé est resté sous l'eau pendant tout le déchargement. En octobre 1985, après presque six ans de préparation, des ouvriers se tenant sur une plateforme qui surplombait le réacteur ont commencé, à l'aide d'outils à long manche, à sortir le combustible pour le placer dans des fûts suspendus près de la plateforme. Au total, 342 fûts de combustible ont été transportés de manière sûre pour un stockage à long terme à l'Idaho National Laboratory, un programme qui s'est achevé en avril 1990.
Les opérations de nettoyage de TMI 2 ont donné lieu à plus de 2,8 millions de gallons (environ 10,7 millions de litres) d'eau utilisée à la suite de l'accident, eau qui a été traitée, stockée et finalement évaporée de manière sûre de la tranche 2. L'évaporation a commencé en janvier 1991 et s'est achevée en août 1993.
En février 1991, le programme de nettoyage de TMI 2 a été qualifié par la National Society of Professional Engineers de l'une des performances majeures d'ingénierie accomplie pendant 1990 aux Etats-Unis.
Feuille d'information 7: Meilleur entraînement à des événements inattendus
Lorsque l'accident de TMI 2 s'est produit, les opérateurs de la salle de contrôle ont été induits en erreur par une instrumentation inadéquate et par des procédures confuses. Mais de manière plus fondamentale, ils ont été les victimes de ce qui a été considéré par la suite comme une faiblesse de leur entraînement à des événements inattendus.
L'expérience de l'accident a été à la source d'une approche complètement nouvelle de la formation des opérateurs de centrales nucléaires et a abouti à la philosophie suivante: "Garde le coeur du réacteur couvert et préoccupe-toi seulement ensuite de ce qui est tombé en panne". Leur capacité de protéger des systèmes clés s'est fortement améliorée. TMI 2 a également engendré la création de l'INPO (Institut of Nuclear Power Operations), basé à Atlanta, et de son Académie nationale de la formation nucléaire (National Academy for Nuclear Training). Ces deux organisations de l'industrie ont prouvé leur efficacité en assurant la promotion de l'excellence dans la conduite de centrales nucléaires et en obtenant l'accréditation de leurs programmes de formation.
L'INPO a été constitué après l'accident de TMI 2 en 1979. La National Academy for Nuclear Training a ouvert ses portes en 1985 sous les auspices de l'INPO. Depuis cette date, le programme de formation des opérateurs de TMI a passé avec succès trois examens critiques de son accréditation INPO.
Les réformes de la formation nucléaire figurent parmi les retombées les plus significatives de l'accident de TMI. L'entraînement s'est concentré sur la protection de la capacité de refroidissement de la centrale, quel que puisse être le problème initiateur. A TMI 2, les opérateurs s'en remettaient à un livre de procédures et consultaient celles qui semblaient le mieux correspondre à l'événement. Aujourd'hui, les opérateurs sont amenés à parcourir un recueil de questions "oui - non" pour garantir, tout d'abord, que le coeur du réacteur reste couvert. Et ce n'est qu'ensuite qu'ils déterminent le dysfonctionnement spécifique.
Cette démarche est considérée comme une approche "basée sur le symptôme" de répondre aux événements qui se produisent dans la centrale. En réalité, c'est un mode d'entraînement qui fournit aux opérateurs les bases nécessaires pour comprendre aussi bien les aspects théoriques que pratiques du fonctionnement de la centrale. "Nous donnons à nos opérateurs des outils de nature fondamentale," explique un directeur de la formation de TMI. "Nous les formons non seulement aux procédures qui s'appliquent aux opérations anticipées. Nous leur apprenons à comprendre quand ils ont dépassé les limites des procédures et comment il faut alors y répondre."
L'entraînement consiste en bien autre chose qu'à simplement presser des boutons. La communication et un travail en équipes mettant l'accent sur une interaction effective parmi les employés font désormais partie du programme de base de la formation nucléaire à TMI.
Les opérateurs de la salle de contrôle de TMI titulaires d'une licence reçoivent plus de 200 heures de formation par an. Le nombre d'heures de formation n'est toutefois pas aussi important que l'identification des besoins en formation et la satisfaction de ces besoins.
Presque la moitié de l'entraînement des opérateurs se fait sur un simulateur électronique de la salle de commande à l'échelle réelle. Ce simulateur de 18 millions de dollars permet aux opérateurs d'apprendre et d'être testés pour toutes les sortes de scénarios d'accident.
Feuille d'information 8: Centrales nucléaires plus sûres et plus fiables
La rigueur en matière de formation, de conduite des installations et de notification des événements à laquelle ont donné lieu les enseignements tirés de l'accident de TMI 2 ont manifestement rendu l'industrie nucléaire plus sûre et plus fiable. Ces tendances ont été aussi bien encouragées que dépistées par l'INPO (Institute for Nuclear Power Operations), institut créé par l'industrie nucléaire à la suite de l'accident. Pour que son état continue d'être considéré comme bon, une centrale nucléaire doit respecter les normes élevées fixées par l'INPO ainsi que la règles sévères imposées par la Commission américaine de la réglementation nucléaire NRC.
"L'analyse des événements et le partage des leçons tirées, donc la prévention de toute récurrence, figurent parmi les mandats les plus évidents donnés par la Commission présidentielle qui a analysé l'accident de Three Mile Island (la Commission Kemeny). Au fil des années, l'industrie nucléaire s'est acquittée de ces mandats avec beaucoup de succès." C'est en ces termes que Zack T. Pate, ancien président et directeur général de l'INPO, a résumé dans le rapport annuel 1997 de l'Institut les 17 années qu'il a passées à son service (jusqu'en mars 1998).
Le graphique des événements significatifs survenus dans les centrales nucléaires, graphique qui se fonde sur des données recueillies par la Commission de la réglementation nucléaire, constitue un indicateur clé de la tendance. Le nombre d'événements significatifs est passé de 2,38 par tranche nucléaire en 1985 à 0,10 à la fin de 1997. Ce résultat "représente une baisse de plus d'un facteur 20 au cours des 12 dernières années, une performance remarquable", constate Zack T. Pate.
Au niveau de la fiabilité, le facteur d'utilisation moyen des centrales nucléaires - c'est-à-dire le pourcentage maximal d'énergie qu'une centrale nucléaire est susceptible de produire - a augmenté de 62,7% en 1980 à 81,6% en 1997. L'objectif visé pour l'année 2000 est de 87%.
Les autres indicateurs relatifs aux centrales nucléaires américaines analysés par l'INPO et par son pendant international, l'Association mondiale des exploitants de centrales nucléaires (World Association of Nuclear Operators, WANO), sont les suivants: facteur de perte non programmée d'utilisation, arrêts d'urgence du réacteur non programmés, performances des systèmes de sûreté, performances thermiques, fiabilité du combustible, performances de la chimie, exposition collective aux rayonnements, volume des déchets radioactifs solides et taux d'accidents de sécurité industrielle. Tous ces indicateurs ont enregistré une amélioration substantielle depuis 1980.