Canada: document de position sur l’exploitation de réseaux de chauffage à distance avec composante nucléaire pour chauffer les bâtiments
Dans un document de position, l’Association nucléaire canadienne et d’autres organisations mettent en avant l’intérêt de l’exploitation des réseaux de chauffage à distance pour chauffer les bâtiments de manière économique et respectueuse du climat. Les centrales nucléaires entreraient en ligne de compte comme fournisseurs de chaleur. Selon les signataires, le développement de l’utilisation de la chaleur à distance passe par la reconnaissance des réseaux de chauffage à distance comme composante de l’infrastructure énergétique critique du Canada.
Le 28 février 2024, l’Institute for Energy Studies de l’Université McMaster, le Boltzmann Institute et l’Association nucléaire canadienne (ANC) ont publié un document de position intitulé «Thermal Networks and Nuclear Energy: Advancing the Dialogue on Clean Heat Infrastructure for Canada» qui met en lumière le rôle essentiel des réseaux de chauffage à distance pour abaisser l’empreinte carbone du poste «chauffage» des bâtiments en milieu urbain. Soucieux de décarboner le secteur du chauffage des bâtiments, le Canada entend miser sur les pompes à chaleur électriques. L’un des enjeux est de garantir la couverture des besoins variables liés à la rigueur et à la longueur de l’hiver canadien, chose qui ne peut se faire avec la charge électrique de pointe qu’au prix de la mobilisation de surcapacités coûteuses.
Le chauffage des bâtiments s’effectue déjà via des réseaux de chauffage à distance dans plusieurs pays. Selon le document de position, les systèmes de chauffage à distance ne couvrent actuellement que 3% des besoins en chaleur au Canada. Le potentiel de développement est donc énorme. Plusieurs fournisseurs de chaleur entreraient en ligne de compte: les fournisseurs de gaz naturel – énergie très répandue au Canada – mais aussi d’énergies renouvelables respectueuses du climat, et les centrales nucléaires. «[Les réseaux de chauffage à distance] permettent de stocker de la chaleur à faible coût, à court terme et de manière saisonnière. Ils constituent donc un système robuste que nous pouvons exploiter pour faire face aux fortes fluctuations de demande de chaleur durant l’hiver, froid et imprévisible, et ce de manière économique», peut-on lire dans le document de position. Les réseaux de chauffage à distance et les gros accumulateurs thermiques viendraient également compenser la demande fluctuante et la production intermittente d’électricité à partir d’énergies renouvelables.
Les centrales nucléaires au service d’une production flexible d’électricité et de chaleur
D’ici à 2050, le Canada entend multiplier par trois sa capacité nucléaire, essentiellement à des fins de production d’électricité. Grâce au couplage chaleur-force, des synergies peuvent être exploitées et les centrales nucléaires utilisées de manière flexible pour l’approvisionnement en électricité comme en chaleur: «Avec l’utilisation de la chaleur résiduelle des centrales nucléaires pour alimenter les réseaux de chaleur, le Canada peut orienter ses investissements stratégiques vers la réduction des autres besoins de production de chaleur propre, améliorant par là-même la viabilité financière du système.» Cela permettrait également au pays de se doter d’un réseau électrique moderne intégrant une plus grande part d’énergies renouvelables variables.
Les centrales nucléaires prises en compte pour la cogénération peuvent être de grosses installations de l’ordre du gigawatt de puissance à même de fournir de la chaleur sur de grandes distances, mais aussi des centaines de petits réacteurs modulaires (SMR) décentralisés ou des microréacteurs.
Les auteurs du document de position proposent que les gouvernements canadiens coopèrent pour développer une stratégie pour les réseaux de chauffage à distance visant, pour le bien commun, à identifier et à soutenir les investissements dans les infrastructures de réseaux thermiques. En plus de compléter les efforts de promotion de systèmes de chauffage électriques dans les bâtiments, ces mesures contribueront à la réalisation de l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre.
Source
B.G./AT. d’après le communiqué de l’Université McMaster du 5 mars 2024 et le site Internet du McMaster Institute of Energy Studies
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